Entretenir, c’est bien ; sans accident , c’est mieux.
La photo jointe, publiée sur bleau.info en novembre 2014, mérite une petite analyse. On y voit deux bénévoles grattant des voies sur un bloc, soit pour les rendre agréables à escalader, soit en prévision d’un futur entretien de la peinture.
Le premier, celui de droite, relativement peu visible, est pratiquement assis dans son cuissard qui est relié à un autobloquant (Machard ?), lui même sur une corde fixée à un arbre proche (costaud celui là). S’il dérape il ne risque pas de tomber, tout au plus aura-t’il quelques petites éraflures en frottant sur le grès. De plus il semble porter des lunettes ce qui lui évite la projection dans les yeux de matériaux aussi divers que des lichens, des particule de grès ou des poils de la brosse utilisée (et ça c’est pas rigolo, ophtalmo obligatoire !). La définition de la photo ne permet pas de confirmer qu’il porte un gant de protection à la main gauche mais cela semble probable.
Aux écorchures dues au travail de brossage près il ne risque pour ainsi dire rien (sauf des tendinites, très courantes à la suite de ce type de travail).
Le second oblige à quelques réflexions sécuritaires
Des lunettes oui, mais pas de gants (petit risque d’écorchures aux mains pas bien dangereuses mais très désagréables).
L’emploi de l’échelle entraîne une bonne série de remarques.
- l’échelle n’est pas « assurée » comme l’est le brosseur précédent. Une position un peu instable des montants de l’échelle sur le bloc, un de ses pieds qui s’enfonce légèrement dans le sol meuble, un mouvement un peu brutal du brosseur, un déplacement de son centre de gravité pour de multiple causes (par exemple le dérapage de la semelle lisse d’un des chaussons de grimpe sur le barreau, lisse lui aussi, sur lequel repose l’intervenant), etc. et l’échelle peut basculer d’un coté ou de l’autre et le brosseur avec. Le réflexe dans ce cas là est de s’agripper au premier point préhensible venu, l’un des montants qui, dans ce cas, n’est pas fixe.
- l’échelle repose sur le milieu de ses montants et le centre de gravité du brosseur se trouve à niveau, sinon plus haut, que ces points. C’est loin d’être la position la plus stable pour l’ensemble, le moment des forces dues au frottement sur le grès, qui dans ce cas est le seul à pouvoir stopper un mouvement de rotation de l’échelle par rapport à son pied est alors minimal.
- une légère progression vers le haut du gratteur peut avoir tendance à faire chasser les pieds de l’échelle vers l’arrière (rotation autour des points de contact des montants) et ainsi de débuter un mouvement de déstabilisation de l’ensemble.
Une dernière remarque : si le haut de l’échelle était immobilisé par une corde (voire deux, encadrants le sommet du bloc, dans le cas de la photo), il faudrait aussi que le gratteur soit auto assuré, soit sur une troisième corde, soit par une courte longe sur l’un des barreaux de l’échelle. En cas de déséquilibre la chute humaine est immédiatement stoppée même en cas de mouvement latéral important. Les manœuvres « de survie » qui ensuivent en sont bien facilitées.
Qu’en conclure pour tous : le travail sur échelle est dangereux (ce n’est pas pour rien qu’il est interdit sur une échelle de plus de 3 mètres), le nombre d’accident dus à l’utilisation d’une échelle ou même d’un escabeau (surtout replié et ainsi transformé en petite échelle) est considérable et les séquelles d’une chute due à ce type d’emploi sont souvent très invalidantes et à très long terme (ce sont souvent les articulations sensibles, poignet, coude, épaule, qui encaissent le choc) alors deux conseils de base :
- assurez (sans trop de jeu) votre échelle à un point fixe de qualité ;
- assurez vous sur l’un des barreaux, c’est un minimum.
On peut y ajouter :
- utiliser une échelle à piètement très large (c’est le cas sur la photo -stabilité)
- sur de la terre ou du sable, placer l’échelle en position, repérez la position des pieds et creusez très légèrement, quelques cm, le sol à ces endroits. La stabilité de l’ensemble sera considérablement améliorée.
- évitez les vieilles échelles de bois dont les barreaux, rongé de l’intérieur par des vers ou insectes, peuvent casser inopinément
- l’usage d’un escabeau, même avec un verrouillage d’écartement des montants mobiles (pièges à doigt très efficace), est à bannir, même avec assurage. Il est presque impossible que les 4 pieds reposent ensemble et de façon stable dans un milieu naturel.
Pour finir, ne pas oublier aussi les EPI (équipement de protection individuel) : lunettes, gants, cuissard et longe, chaussures anti-dérapantes, (dans le cas de la photo, le casque ne serait pas inutile en cas de chute vers la droite). Et la consultation du Mémento CoSIRoc pour l’Entretien des Circuits d’Escalade (page 22) ne sera pas inutile
Oleg Sokolsky.
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Le MÉMENTO DES RECOMMANDATIONS POUR L’ENTRETIEN DES CIRCUITS D’ESCALADE est un outil mis à la disposition de tous.
Ce document est un recueil de conseils pour des pratiquants motivés par « les circuits d’escalade ». Ils n’ont absolument rien d’obligatoire et aucun caractère de norme. Les exemples, schémas, formes, dimensions ne sont que des suggestions dont l’intérêt est d’avoir été « validées » par les organismes gestionnaires des terrains (ONF, CG,…), qui pourraient demander la suppression de symboles à la
« tonalité artistique trop marquée ».
Le DOCUMENT COMPLET est téléchargeable.
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