Il y a une dizaine d’années l’ONF réalisait plusieurs petites mises en défens dans les chaos Dame jouanne / Requin aux endroits semblant présenter le plus de risques pour le passant, grimpeur ou randonneur. Ces zones avaient été repérées par Daniel Obert, géologue bleausard bien connu, qui avait identifié plus d’une dizaine de petits sites présentant des risques « évidents » de déplacement, d’affaissement ou même d’éboulement de blocs.
Certains, qui ne demandaient qu’une petite intervention « barreàminesque », ont pu être traités immédiatement pour placer les blocs en position stable.
D’autres auraient nécessité des travaux très importants et donc extrêmement coûteux, avec recours aux explosifs, d’où, par les vibrations, la création de nouvelles zones instables (un comble !) et aussi avec des impacts paysagers peu supportables. Ces endroits là ont été simplement « interdits » par deux fils de fers discrets, équipés du panonceau informatif de rigueur, matérialisant la frontière a ne pas dépasser sauf « à ses risques et périls ».
Si ces mises en défens n’avaient pas été réalisées, c’était l’interdiction totale du massif qui était très sérieusement envisagée. Rappelons au passage que le Cosiroc a été pour beaucoup dans l’organisation et la gestion de la protestation générale qui a empêché cette décision au niveau préfectoral.
Ces zones étaient régulièrement surveillées mais après une longue période un petit état des lieux par un spécialiste était nécessaire. Daniel a été sollicité et une tournée d’inspection été organisée avec le responsable forestier de la Commanderie. J’ai eu la chance d’y participer, en n’oubliant pas d’y d’emporter ma casquette Cosiroc.
Résultat : à part le coin des « Tripes à Géo » que nous n’avons pas inspecté car nous nous sommes axés sur les zones « touristiques », la plupart des sites identifiés paraissent stables (ne présentent pas de signes marquants, indices d’une évolution à court terme) et le respect des clôtures des mises en défens suffit à éviter tout risque humain.
Seules trois d’entre elles montrent des évolutions sensibles qui peuvent provoquer une certaine inquiétude. Ce sont :
- La Dalle de Feu au niveau de l’écaille de départ du 68 mauve
- la zone Rascar Capac / Bivouac du Pof, juste au dessus du départ du mauve
- la zone Toit du Fou / Boite aux Lettres du circuit Mauve au dessus de la DJ
Pour la Dalle de Feu , dont la section de droite s’était détachée (naturellement ; j’insiste) 15 jours après la mise-en-défens, seuls les quelques centaines de kilos de l’écaille, qui sonnent de plus en plus creux, sont concernés (l’examen des fissures séparant l’écaille de la masse du bloc laisse augurer une chute rapide). Le n°1 rouge ne serait que très peu concerné dans ce cas, mais des morceaux, déviés par les restes de l’éboulement gisant sur le sol, risquent d’atteindre un grimpeur sur son crash-pad. Ce dernier serait sûrement très endommagé.
Pour la zone Rascar Capac / Bivouac du Pof, un examen de l’écartement des traces de peinture de la photo jointe permet de se rendre compte du jeu de la section fissurée. La fissure est d’ailleurs entrain de s’ouvrir et de progresser vers la droite.
Une rupture est donc prévisible et il est fortement conseillé d’éviter de fréquenter le coin, y compris hors de la mise en défens. Un basculement de « Rascar Capac » le bloc qui coiffe l’ensemble n’étant pas à éliminer en cas d’affaissement de la partie basse.
L’évolution du danger de la zone Toit du Fou / Boite aux Lettres citée est moins évident visuellement. Plusieurs signes montrent que toute le secteur de la Boite aux Lettres et ses grandes diaclases travaille nettement (cassures de petits blocs, écrasement d’autres) et risque de s’affaisser comme l’a fait la Tranche de Gruyère en 1966 (3 bivouaqueurs écrasés hélas !). La zone en défens située au pied du rempart, si elle est respectée, empêcherait un accident humain à son pied. Par contre cette « implosion » des diverses fissures et cheminées, avec diminution du volume occupé par le chaos, risque d’entraîner des faibles mouvements, centimétriques ou décimétriques, des blocs situés en surface de la zone concernée (pratiquement sans risque de basculement du type Rascar Capac),. Le risque de coincement d’un membre d’une personne présente à ce moment là serait alors loin d’y être nul.
Il est donc probable qu’une petite extension de la zone de mise en défens du bas soit réalisée en partie haute pour baliser la zone à risque.
Pour conclure, le parcours souterrain de la Boite aux Lettres est plus que fortement déconseillé (spéléo s’abstenir).
Oleg S.
Le 26/10/14