Nos amis les reptiles sortent de leur hivernage. Ceux là se repèrent peut être facilement, sauf les tous petits vipéreaux.(*)
Plus sournoises et nettement moins visibles (taille de l’ordre du millimètre) les tiques s’éveillent et commencent à guetter l’animal propice à leur offrir le sang nécessaire à leur repas. Une fois sur l’animal (vous peut-être ?) elle se fixe à sa peau par son « rostre » situé sur sa tête et par lequel elle aspire le sang de son hôte. Ceci en principe sans gène ni douleur grâce aux propriétés anesthésiantes de sa salive. Sa présence ne se révèle que par une éventuelle petite démangeaison et/ou par un léger gonflement rougeâtre de la peau autour d’un point noir (la tique, si ce n'est pas une quelconque épine).
Au cours de son repas la tique peut vous transmettre des bactéries pathogènes. La plus connue, au nom peu mémorisable, est Borrelia burgdorferi qui peut être à l’origine de la maladie de Lyme, infection dont les conséquences à long terme peuvent être catastrophiques si elle n’est pas identifiée et traitée rapidement (l’ONF informe très régulièrement ses techniciens sur ce qui peut être une maladie professionnelle très grave).
Il importe donc de se séparer le plus rapidement possible de cette indésirable compagne, ceci avant le début de la période durant laquelle les risques d’infection deviennent importants (de 24 à 36 heures après l’accrochage de l’animal).
Pour ce faire, il existe des crochets (arrache)-tiques (sorte de petits pieds de biche en plastique), destinés à l’origine à traiter les animaux domestiques (chiens et chats) qui se révèlent aussi très efficaces pour l’espèce humaine (en pharmacie ou chez un vétérinaire). Il est vivement recommandé de les utiliser de préférence à l’ancienne méthode qui consistait à endormir la tique avec un coton imbibé d’éther (ou de la saouler avec de l’eau de Cologne) pendant 2 minutes (c’est long !) avant de l’extraire avec une pince à épiler. Cette dernière méthode a pour principal inconvénient le risque de régurgitation par la tique de produits de digestion contaminés (se souvenir des vomissements, courants après une anesthésie). Bien entendu, en l’absence de crochet, elle reste une solution efficace pour ôter l’acarien.
Pour les utiliser les crochets de manière efficace, il faut observer attentivement l’animal (loupe utile, l’oculaire d’horloger étant un must qui laisse les deux mains libres ; l’essayer c’est l’adopter !). On remarque alors que son corps est assez plat et qu’il faut engager la fente du crochet parallèlement à son plan pour obtenir un coincement efficace. Ce dernier réalisé, tourner lentement l’outil (le sens de rotation est indifférent) jusqu’à ce que l’animal en entier, rostre compris, se décroche de lui même. Vérifier alors qu’il ne reste plus rien dans la petite plaie, ce qui peut arriver en cas de rotation trop rapide (la tête de la tique restant en place) et désinfecter la zone irritée. De même désinfecter le crochet (plonger l’ensemble crochet/ tique dans un alcool fort : whisky, vodka, eau de Cologne, 90°, etc).
Si, malheureusement, l’extraction est incomplète et qu’il reste une partie de la tique, il faut absolument ôter les résidus. Consulter alors votre pharmacien ou votre médecin ou qui vous conseilleront sur la meilleure méthode.
Dans les jours qui suivent la découverte et la suppression de la tique, il faut être attentif à l’évolution de la « piqûre » qui a en général une régression assez lente. Si l’on constate l’apparition d’un anneau rouge de plusieurs centimètres de diamètre (érythème nommé à tort « migrant » à ce stade) il faut impérativement consulter son médecin pour une prescription du traitement adéquat. De même, dans les semaines qui suivent, des symptômes ressemblants à ceux de la grippe ou des sensations de « mal être » doivent vous alerter et vous amener à consulter, en précisant bien que vous êtes un habitué de la nature et que vous avez récemment extrait une ou plusieurs tiques. (évoquer la maladie de Lyme). La maladie, soignée au stade primaire, peut être facilement guérie.
N’oublions pas non plus nos compagnons à quatre pattes qui sont des cibles privilégiées des tiques. Les crochets à tiques sont aussi très efficaces lorsque l’on arrive à maîtriser les poils entourant l’animal.
De même nos amis peuvent être contaminés et une visite chez le vétérinaire peut s’imposer ; en particulier chez le chien, le piroplasmose demande une traitement d’urgence (animal asthénique et urines rougeâtres).
Quelques conseils :
- être attentif dès le début du mois de mars (**) lors des premières augmentations significatives de la température et ce jusqu’à fin octobre.
- porter des vêtements clairs, enfiler les bas de pantalons dans les chaussettes, éviter de rester bras nus lorsque vous suivez des sentes d'animaux, saupoudrer l'intérieur des chaussons, chaussures et pantalon d'un produit contre les acariens.
- après une sortie forestière procéder à un examen attentif de TOUT son corps.
- y ajouter celui des habits, surtout des sous-vêtements, et de la peau après une séance en forêt (des tiques peuvent y être fixées et elle restent actives plusieurs jours).
- Ne pas oublier d’explorer la peau de votre chien.
(*) En cas de morsure de vipère, il ne faut pas s'affoler ; surtout ne pas courrir pour diminuer la diffusion du venin mais rentrer calmement et consulter le premier pharmacien trouvé qui vous orientera. En cas de malaise sensible, avertir le centre de secours en définissant précisément l'endroit où l'on se trouve, puis attendre l'arrivée des secours, si possible couché et à l'ombre.
(**) Méfiez-vous dès le mois de mars en cas de printemps précoce. Et même, dès la mi février, les serpents peuvent être de sortie. Cette vipère a été photographiée aux Grands Avaux, à proximité du sentier de randonnée (jaune et bleu) et du bloc aux gravures rupestres.